Il y a deux types de clientèle à considérer.
L’expression « alignement des planètes » résume bien ce qui se passe actuellement dans le marché de l’emploi au Québec. En effet, trois changements convergent vers une nouvelle réalité pour les travailleurs et les travailleuses de la province.
Premièrement, la génération des « boomers » arrive à l’âge de la retraite, ce qui, pour la première fois depuis fort longtemps, provoque un déséquilibre des emplois vacants par rapport aux effectifs disponibles. Les médias rapportent ce phénomène depuis quelque temps déjà, comme en fait foi cet article sur le site de Radio Canada. Alors qu’au début de ma vie d’adulte, nous nous battions pour obtenir un poste, aujourd’hui, c’est au tour des employeurs de se battre pour trouver du personnel, ce qui offre beaucoup de flexibilité aux employés et employées d’aujourd’hui.
Deuxièmement, la pandémie en a poussé plusieurs à s’interroger sur le sens de leur vie et vers une certaine remise en question quant à l’équilibre entre la vie de famille et la vie professionnelle. Plusieurs en ont conclu que leur travail prenait sans doute trop de place dans leur vie et que finalement, du point de vue financier, ils pourraient sans doute se débrouiller avec moins.
Troisièmement, le gouvernement du Québec vient de modifier les conditions d’accessibilité à la rente de retraite du Régime de rentes du Québec, ce qui permet plusieurs nouvelles façons de vivre sa retraite. En effet, on peut maintenant choisir le moment du début de sa rente entre 60 et 72 ans et, donc, choisir si le montant sera diminué ou augmenté par rapport à la cible de 65 ans. Dorénavant, on pourra même cesser ses contributions au RRQ à compter de 65 ans, tout en travaillant à temps partiel.
Le résultat de ces trois changements est qu’un Québécois ou une Québécoise de 60 ans et plus peut maintenant ajuster son temps de travail en fonction de ses besoins financiers, tout en ayant du temps pour lui et sa famille. De cette façon, une personne semi-retraitée conservera un lien professionnel avec un employeur, ce qui est très important pour la valorisation de soi.
Comme ces changements sont ici pour de bon, vous aurez donc deux types de clientèle. La première : les 60 ans et plus qui peuvent faire des choix éclairés grâce à vous. Comme cette convergence d’événements s’est produite rapidement, il y a absence de planification chez beaucoup de nos clients et clientes. Nous devons donc les conseiller avec ce qu’ils ont (actifs), en fonction du revenu nécessaire et, cela va de soi, du revenu qu’il est possible de gagner et du temps de travail nécessaire pour y arriver.
La deuxième catégorie est celle des moins de 60 ans, ces personnes qui peuvent déjà planifier ce qu’on pourrait appeler la dernière étape de leur vie professionnelle. Dans le livre Victory Lap Retirement de Mike Drak et Jonathan Chevreau, les auteurs expliquent cette nouvelle tendance, celle de devenir « semi-autonome » financièrement afin de pouvoir effectuer un travail qui stimule plus, mais qui ne répond pas nécessairement à nos exigences financières. Quoique cela soit intéressant pour nos « rêveurs », cela est tout aussi intéressant pour ceux et celles qui souhaitent simplement lever le pied à partir de 60 ans.
Pour conseiller quelqu’un qui souhaite entamer une semi-retraite, il faut établir le coût de vie souhaité pour cette dernière étape de la vie professionnelle et le revenu nécessaire pour soutenir ce coût de vie. Disons que le client ou la cliente a besoin d’un revenu imposable de 60 000 $ et n’épargnera plus pour la retraite à partir de ce moment. Imaginons aussi que cette personne débute sa période de semi-retraite à 60 ans et avait des revenus de 100 000 $ par année avant.
Par la suite, il faut déterminer le revenu annuel que notre client ou cliente pourrait tirer des actifs accumulés en fonction de la durée de sa semi-retraite et de sa retraite. On confirme les montants de rentes qui seront payées (ex. RRQ, RPDB, RPA, PSV), selon les mêmes durées mentionnées. Il reste donc à déterminer le montant de revenus d’emploi nécessaires pour la période de la semi-retraite.
Ainsi, dans cet exemple, avec un revenu de travail de 50 000 $ par année et un retrait de 10 000 $ d’actifs par année, notre client ou cliente atteindra son objectif annuel de 60 000 $ imposable pendant sa période de semi-retraite. En ne demandant pas ses rentes avant l’âge de 70 ans, les rentes seront bonifiées, lesquelles, combinées aux actifs accumulés, lui permettront de maintenir son revenu annuel de 60 000 $.
Ce calcul simple pour un ou une spécialiste ne l’est pas pour notre clientèle. Il pourrait donc être intéressant de développer une offre de service spécialisée dans cette nouvelle façon de vivre la retraite. Il s’agit d’une excellente façon de former une relation à long terme avec votre clientèle plus jeune, qui perçoit souvent la retraite comme étant tellement loin qu’elle ne s’en préoccupe pas.
Vous pourrez ainsi proposer à vos clients et clientes de les accompagner dans leur objectif de bien préparer cette dernière étape de leur vie professionnelle, leur semi-retraite, tout en planifiant leur retraite, qui est toujours l’objectif numéro 1. Ce faisant, vous aurez l’occasion de discuter des autres domaines de la planification financière.
Qu’il s’agisse d’une semi-retraite à 60 ans, à 50 ans ou à tout autre âge, l’important est de bien les accompagner dans la réalisation de leurs rêves!
Source : Conseiller, Clément Hudon, 26 juin 2023