Apprendre à bien vivre sa retraite

Si la retraite représente le début d’une nouvelle vie, c’est aussi la fin d’une histoire professionnelle. Cela nécessite une réorganisation complète et peut parfois surprendre et même provoquer un sentiment de perte. Devenir un retraité heureux, ça s’apprend.

Dominique Paquette est une psychologue clinicienne retraitée et ancienne gestionnaire de différents établissements du réseau de la santé et de services sociaux. Aujourd’hui, elle met à profit son expérience et accompagne les personnes à l’aube de la retraite dans un Parcours retraite qu’elle a mis au point avec des collègues et qu’elle offre à la Maison des leaders à Québec et ailleurs. « L’axe que je privilégie, c’est que la retraite est une période de croissance, une occasion de vivre une seconde vie », indique la formatrice. Aujourd’hui, avec une espérance de vie qui augmente continuellement, il arrive qu’une personne passe presqu’autant de temps à la retraite qu’au travail.

Cinq thèmes, comme autant de clés, composent ce Parcours retraite, qui permet d’aborder les aspects psychologiques et sociologiques de cette étape de la vie. Tout d’abord, il est important d’accueillir ce qui est, c’est-à-dire de faire des constats : « On ne peut pas nier que le temps passe, que la vie nous transforme et transforme notre corps », explique Dominique Paquette. Elle ajoute que si 50 % de notre existence est déterminée génétiquement, et que 10 autres pour cent résultent de l’environnement, « il reste quand même 40 % sur lesquels chacun peut avoir de l’influence. On peut choisir quel genre de vieillesse on veut avoir ».

Choisir sa vie, le deuxième thème du Parcours, fait prendre conscience que la vie est précieuse et que c’est un privilège de vieillir. « Avec du temps pour soi, on en profite pour faire le ménage et évacuer les regrets, les remords et les rancoeurs qui finissent par peser lourd dans nos vies, continue la psychologue. Et si on ne peut changer le passé, on peut changer le rapport qu’on entretient avec ce dernier .» Dans le même sens, le thème Apprivoiser les pertes permet aux participants de réfléchir sur les deuils et de donner du sens à l’épreuve.

Lutter contre l’âgisme

Être utile… C’est souvent ce qui a motivé toute une carrière. Arrivé à la retraite, il est parfois difficile de ne pas se sentir mis de côté ou même rejeté dans une société où il faut souvent lutter contre l’âgisme. Le thème Contribuer au bien commun cherche à explorer les talents, les forces et les intérêts de chacun tout en permettant de déterminer de quelle manière il serait possible de contribuer.

Finalement, la dernière clé du Parcours retraite se concentre sur l’idée de Cultiver la gratitude et la compassion en s’aménageant « un espace pour éprouver de la gratitude du seul fait d’être vivant, pour entreprendre la dernière étape de notre vie avec enthousiasme et laisser les nouvelles choses se manifester », explique la formatrice.

Dominique Paquette a offert ses ateliers un peu partout et auprès de petits groupes issus de différents milieux. Et sans en faire des séances de psychothérapie, elle affirme que les gens sont heureux de venir chercher dans ces ateliers des outils simples et accessibles qui vont leur permettre « de s’arrêter et de réfléchir, de faire un peu d’introspection », ajoute-t-elle.

La psychologue affirme avoir vu des gens repousser le moment de la retraite de peur de devoir occuper tout ce temps libre qui s’offre à eux. C’est pourquoi il est important de réfléchir à cette étape bien avant d’y arriver. D’autres vivent une véritable lune de miel et durant les deux premières années de leur retraite se sentent en vacances perpétuelles : « Toutefois, arrive un moment où l’on veut donner du sens à notre vie. »

La retraite, c’est une période où l’on refait connaissance avec soi, où on reprend contact avec ce qui nous distingue et ce qui nous rend uniques, « c’est l’occasion de contacter ce qui est vivant et sans âge en nous », dira la psychologue. Mais qu’est-ce que ça prend pour devenir un bon retraité ? « Principalement, c’est vivre dans le temps présent, vivre avec nos capacités et s’en contenter, et surtout, c’est continuer à s’intéresser aux autres. Faire en sorte que notre savoir-être soit notre richesse, que l’important soit ce que l’on est et non pas ce que l’on fait, c’est ce qui produira des retraités heureux. »

Credit : Marie-Hélène Alarie, Journal Le Devoir

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