J’ai une question pour vous : croyez-vous épargner assez en ce moment pour vous garantir une belle retraite d’ici quelques années? Pour les chanceux qui répondent oui, j’ai une mauvaise nouvelle : il faudra probablement en mettre plus de côté que prévu.
En 2017, une étude présentée par le Forum économique mondial soulignait une donnée spectaculaire : la moitié des enfants nés au Canada en 2007 peuvent s’attendre à vivre jusqu’à l’âge de 104 ans. Imaginez les implications financières!
On dit qu’une personne qui a une bonne tolérance au risque devrait épargner au minimum 10% de son revenu brut pour se construire une retraite intéressante. Cela afin de remplacer entre 50% et 70% de son salaire lorsqu’elle travaillait. Ceux qui appliquent ce principe, et surtout, ceux qui ont commencé à le faire tôt, sont probablement en bonne posture financière.
Le hic, c’est qu’au cours des deux dernières décennies, les Québécois n’ont jamais réussi à épargner 5% de leurs revenus, même si cette situation semble s’améliorer depuis 2018. Globalement, les provinces canadiennes, à l’exception du Québec, ont tendance à réduire leur taux d’épargne depuis 2013.
Ceci, pendant que l’endettement des ménages québécois et canadiens augmente inexorablement depuis des années.
Autre source d’inquiétude : l’endettement des retraités. Selon les plus récentes données de Statistique Canada (2014), 48% des retraités de 55 à 64 ans, 37% des retraités de 65 à 74 ans et 20% des retraités de plus de 75 ans ont des dettes. Tous groupes d’âge confondus, le montant médian de l’endettement des retraités s’établit à 19 000 $. Autre chiffre alarmant, 10% des personnes qui ont déclaré faillite en 2014 étaient âgées de 65 ans ou plus, ce qui représente une augmentation de 20,5% par rapport à 2010.
Fini, le golf!
Imaginez le scénario suivant : un samedi matin ensoleillé, en 2041. Bob, votre ami de longue date et partenaire de golf depuis 15 ans, sonne à la porte : «Journée parfaite pour un dix-huit trous! lance-t-il. Tu viens avec nous?»
L’envie de jouer vous démange depuis des semaines. Pourtant, vous laissez tomber, d’un ton hésitant : «…non». Le regard de votre femme, qui passe près de vous en sortant de la cuisine (elle a entendu la conversation), anéantit en vous toute velléité de revenir sur votre réponse. Voici trois ans que vous ne l’avez pas emmenée en voyage et, pour voir son air bête disparaître un jour, mieux vaut ne pas la provoquer en allant jouer au golf à crédit…
Fraîchement entré dans le monde des retraités, la réalité vous frappe comme une tonne de briques : vos maigres REER ne suffisent pas à soutenir la moitié du train de vie auquel votre femme et vous étiez habitués depuis des années. Fini le golf. Fini les voyages. Bonjour la lecture et les parties de cartes!
C’est malheureusement l’avenir promis à nombre d’entre nous si on persévère dans la voie actuelle.
Nos gouvernements pourront-ils venir à la rescousse?
J’en doute. À peu près tous les paliers de gouvernement — municipal, provincial, fédéral — sont endettés jusqu’au cou. Et eux aussi ont de sacrés défis actuariels à relever pour remplir les promesses de retraites dorées faites à leurs employés.
Dans ce contexte, tous à vos épargnes! Parce que la vie c’est plus long – et plus cher – qu’on le pense…
David Descôteaux est chroniqueur et journaliste économique depuis plusieurs années. Il est aussi l’auteur du best-seller en finances personnelles « D’endetté à millionnaire » et d’une série de livres pour enfants sur l’économie et la finance.
Auteur David Descôteaux
30 juillet 2020