Combien de pages doit contenir mon CV ?

Combien de pages doit contenir mon CV ?

Extrait du texte dans l’oeil du recruteur : https://oeildurecruteur.ca/combien-de-pages-pour-un-cv/

Condenser les informations sur 1 ou 2 pages devient une obsession pour le chercheur d’emploi et ce, au détriment d’un concept 100 fois plus important que le nombre de pages dans un CV : la lisibilité du document.

  1. Jouer avec ses contenus pour que ça entre sur 2 pages : retirer des détails, reformuler des phrases, etc.
  2. Jouer avec son design pour que ça entre sur 2 pages : retirer des espaces, réduire des marges, etc.

           99 fois sur 100, l’option #2 sera choisie.

Quoi? Retirer des détails?? Bien plus simple de jouer avec le design…

On ne peut pas lui en vouloir, c’est un réflexe assez humain que de vouloir plugger le plus de choses possibles sur soi et c’est encore plus vrai pour son parcours professionnel.

D’un élan romanesque, fier, le chercheur d’emploi typique voudra en dire beaucoup plus que nécessaire.

Le temps des solutions

Notre candidat du jour s’appellera Gilles.

C’est avec lui qu’on abordera quelques stratégies de rédaction.

Gilles a terminé d’écrire son CV et s’exclame : « Oh non! J’ai oublié de dire que comme Directeur de la production, j’ai diminué les pertes de 10% au département de finition! »

Gilles a de quoi être fier : il a fait sauvé des milliers de dollars à l’entreprise à chaque année pendant 8 ans.

Et il bien a raison : contrairement à la compétence « posséder un bon esprit d’équipe » qui n’a absolument aucune valeur à l’écrit, cette information doit se retrouver sur son curriculum vitae.

Les employeurs potentiels vont saliver à l’idée d’avoir un candidat comme Gilles qui pourra possiblement en faire autant dans leur département de finition.

Que devrait faire Gilles?

  1. Tout d’abord, il peut tout simplement retirer une ou plusieurs tâches.

Une réalisation a plus de valeur qu’une tâche : elle présente un résultat et donc, laisse miroiter un bénéfice potentiel au lecteur.

C’est un concept de base en vente et en marketing : l’approche par bénéfice.

Pour simplifier à l’extrême « En faisant appel à mes services, je vous ferai sauver des sous. ».

C’est ça le message qu’on veut envoyer.

Par rapport à une tâche de Gilles qui dirait « Entretien des outils et de l’équipement », le choix est facile…

Mais attention!

S’il avait écrit « Maintenance préventive de la machinerie menant à la diminution des temps d’arrêt », non ça on n’enlève pas ça!

Pourquoi?

Le résultat, bien que non chiffré, est mis de l’avant : c’est donc belle et bien une réalisation.

Pour retirer d’autres tâches, Gilles peut vérifier s’il en a indiqué quelques-unes qui comportent moins de valeur ajoutée que les autres…

« Participation à des réunions avec les contremaîtres » ou toute autre variante est le meilleur exemple qui me vienne en tête présentement. Est-ce que de participer à des réunions fait de vous un meilleur candidat?

Non. On l’enlève.

Un deuxième exemple : « Collaboration avec les services des finances, du marketing et des ventes ». Autrement dit, Gilles sait parler à des gens? Super!

(ironie)

On enlève ça aussi.

  1. Ensuite, Gilles peut retirer les mots et détails inutiles

L’objectif?

Faire passer des phrases de plusieurs lignes à une seule ligne, surtout celles qui n’ont qu’un seul mot qui dépasse.

Par exemple, « Production de tableaux de bord variés et de différents rapports de performance » devient « Production de tableaux de bord et de rapports de performance ».

En fait, les mots « divers », « différents » et « variés » sont toujours superflus dans un CV.

Au lieu de « Soutien des clients de l’entreprise avec le dépassement de leurs objectifs d’affaires », on peut mettre « Soutien de clients avec le dépassement de leurs objectifs d’affaires.

Les termes « de l’organisation », « de l’entreprise », « de la succursale », « de la division » sont généralement superflus dans un CV.

La vente, le marketing et la communication au service du CV

  1. La taille de police

Selon David Ogilvy et son ouvrage devenu un classique « Ogilvy on advertising », une taille de police d’environ 11 points est optimale pour des documents imprimés. 14 points étant trop gros et 5 étant beaucoup trop petit.

On peut se permettre une petite flexibilité ici, une taille de 10 à 12 points à mon avis est idéale selon la police choisie.

*La règle à se rappeler, c’est de ne pas réduire la police pour faire entrer plus de texte.

  1. Les « white spaces »

Selon moi, c’est la notion la plus importante que je vais couvrir aujourd’hui. Un « white space » (espace blanc) est une notion-clé en design.

Ça veut dire de se servir du blanc comme élément actif du design en question.

C’est l’espace entre les graphiques, les colonnes, le texte, les marges et les autres éléments (traduction maison).

Les espaces blancs permettent donc d’attirer l’attention sur les contenus, comme dans cet exemple :

À gauche, un mauvais usage de l’espace. À droite, un bon usage de l’espace. (crédit : dgtlnk.com)

Dans un CV, on peut penser aux marges ou aux interlignes par exemple.

Ci-dessous, qu’est-ce qui est le plus facile à lire?

À gauche, un mauvais usage de l’espace. À droite, un bon usage de l’espace. (crédit : blog.prototypr.io)

Après tout, c’est la stratégie de Google. Le site aurait-il fonctionné autant s’il avait été rempli de publicités ou de texte? On se doute que non.

Vous croyez que l’information que vous venez d’ajouter dans votre CV a de la valeur, mais JAMAIS elle n’aura autant de valeur que l’espace que vous venez de retirer pour la faire entrer.

Le fait de mettre 3 lignes d’espacement entre vos sections plutôt que 1 par exemple fera en sorte qu’un recruteur passera plus de temps à lire chacune de vos sections.

Extrait du livre Ogilvy on Advertising

  1. Le nombre de lignes de vos sections

C’est connu, les gens n’aiment pas lire de grands blocs de textes et c’est encore plus vrai sur un écran, cet écran sur lequel votre CV est souvent consulté, sans même être imprimé.

L’expert en marketing Neil Patel, qui mesure les moindres détails de lisibilité sur son blogue limite la taille de ses paragraphes à quelques lignes seulement.

S’il a le choix d’écrire un paragraphe de 5 ou 10 lignes, il choisira 5 lignes car le taux de lisibilité sera assurément supérieur.

Avez-vous remarqué que je fais la même chose ici sur le blogue L’Œil du Recruteur?

« Paragraph Length », Faculty of Arts, University of Bristol

Sur un CV, même principe, que ce soit dans votre section « Compétences » ou « Expérience » : pas trop long, ni trop court.

Les 2-3 compétences que vous venez d’ajouter qui portent le total à 12 où 13 bullets hypothèquent gravement la lisibilité de la section : est-ce vital de parler de ça tout de suite?

Personnellement, je ne vais jamais à plus de 9 bullets d’une seule ligne, donc 9 lignes. Ma cible réelle est 7 lignes.

Les chercheurs d’emploi s’entêtent à mettre un nombre exagéré de compétences. Je les comprends, parce que ceux qui écrivent les offres d’emploi ne se gênent pas pour inclure une liste de 32 compétences!

Ce n’est pas une raison pour rédiger un CV qui va dans tous les sens….

Utilisez vos capacités d’analyse pour les regrouper en 4 grandes compétences-clés et votre esprit de synthèse pour les décrire en 7 à 9 lignes.

  1. Les « point forms »

Parlons-en de ces fameux « bullets » ou « point forms » si vous préférez.

Extrait du livre Ogilvy on Advertising

Si vous mettez un texte continu pour vos descriptifs d’emploi, vous sauverez de l’espace certes, mais vous ne pensez pas sérieusement que ce sera lu, right?

Vos tâches comme Administrateur de baux commerciaux ne sont sans doute pas aussi intéressante qu’un livre d’Harry Potter : rendez le tout facile à digérer.

Oubliez le texte continu dans votre CV qui fait plus de 3 lignes de long.

Pour certaines personnes, un CV de 2 pages est utopique

Des fois, ça m’exaspère à quel point ceux qui conseillent un CV de 2 pages n’ont aucune idée de quoi ils parlent!

C’est tout simplement impossible pour certaines personnes de passer de 3 pages à 2 pages.

Ou devrais-je dire, impossible de passer à 2 pages sans faire des sacrifices trop importants au niveau des contenus.

Ils diront « Le maximum de pages pour un CV, c’est 2! » avant même d’avoir jeté le moindre coup d’œil au profil de la personne qu’ils conseillent.

La réalité, c’est qu’environ 10% des chercheurs d’emploi ont une quantité trop élevée de réalisations pertinentes en regard du poste visé.

Voici des exemples de compromis à ne pas envisager :

  • Retirer la section « Compétences » pour faire entrer l’expérience? Jamais.
  • Retirer la section « Publications » d’un scientifique? Jamais.
  • Etc.

Des sacrifices trop majeurs peuvent vous coûter un poste.

Croyez-moi, j’ADORE épurer les documents et j’ai beaucoup de flair pour cibler les éléments superflus.

Toutefois, malgré tout le bonheur que me procure la touche Backspace, j’ai dû me rendre à l’évidence : on atteint toujours un point critique où ne peut plus rien enlever. Pour quelques chercheurs d’emploi, ce point critique est 3 pages.

Et je ne parle même pas des CV de pigistes ou des CV de gestionnaires de projets TI par exemple, qui eux, vivent une toute autre réalité.

4 pages et plus?

À part ces derniers qui constituent l’exception à la règle, 4 pages, c’est le nombre précis d’un CV trop long.

De mon expérience, il n’y a pas un parcours qui ne puisse être expliqué en 3 pages et moins avec un niveau de détails suffisant pour le lecteur.

Reprenons l’exemple du chercheur.

S’il compte une vingtaine de publications, c’est trop. On ne veut pas lire une bibliographie, on veut lire un CV. Il devra retirer plusieurs d’entre elles pour n’offrir qu’un aperçu.

35 ans d’expérience répartis sur 12 postes? Il faudra couper!

Allez! On retire ce qui est avant l’an 2000!

J’ai une dernière solution pour vous

Si malgré tout, vous tenez mordicus à rentrer sur 2 pages pour une raison XYZ, la solution, c’est 2 colonnes mon chum!

En répartissant l’information en 2 colonnes, il est possible d’entrer plus d’informations que sur un format 1 colonne.

Par exemple, si vous avez beaucoup d’expériences de travail à inscrire, un format comme celui-ci vous donnera possiblement un résultat sur 3 pages :

Modèle de CV « Le communicateur »

Tandis qu’un design comme celui-là vous permettra de revenir sur 2 pages dans la plupart des cas :

Modèle de CV « Le techno »

Se servir de 2 colonnes avec Microsoft Word rendra votre exercice de rédaction beaucoup plus difficile, car le logiciel est parfois capricieux!

Un compromis consiste à opter pour une bordure à gauche (zone de texte) si vous êtes moins à l’aise avec le logiciel :

Modèle de CV « L’efficace »

Conclusion

En rédaction de CV, le design est aussi important que les contenus.

Un mauvais design = des contenus non-lus = un CV dans la déchiqueteuse.

Même si la question m’est posée sans arrêt, le nombre de pages du CV n’est pas une considération importante pour ce qui est de son design.

Du moins, pas autant que la l’espacement entre les sections, l’espacement tout autour du document, une longueur raisonnable de paragraphes ou des interlignes assez larges pour ne nommer que ceux-là.

Un CV de 2 pages et demi qui respire aura plus de résultats qu’un CV de 2 pages qui étouffe.

Grâce à ces éclaircissements aujourd’hui, vous pourrez enfin poser la bonne question…

Source de l’extrait du texte : https://oeildurecruteur.ca/combien-de-pages-pour-un-cv/

 

 

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