Prochain défi du Québec après la pandémie : main-d’œuvre

La pénurie de main-d’œuvre se fait sentir dans plusieurs secteurs de l’économie québécoise.

La pandémie semble tirer à sa fin au Québec, mais la relance économique tant attendue pourrait être ralentie par l’importante pénurie de main-d’œuvre qui met à mal le bon fonctionnement de la vaste majorité des entreprises.

Un sondage mené par le Conseil du patronat du Québec (CPQ) auprès de ses membres révèle que 94 % des entreprises québécoises font face à un enjeu de main-d’œuvre, et ce, dans tous les secteurs d’activités et dans toutes les régions de la province.

La pénurie est telle que près de la moitié des entreprises sondées affirment avoir dû refuser des contrats parce qu’elles n’ont pas suffisamment d’employés. Le sondage a été mené du 29 mars au 5 avril auprès de 430 entreprises de toutes tailles.

Ça fait craindre que la relance va se faire, mais se faire plus lentement, dit le président et chef de la direction de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, Steeve Lavoie, qui n’est pas du tout surpris des résultats du sondage. Un sondage dévoilé en janvier (voir ci-dessous) avait aussi révélé des résultats préoccupants.

Le secteur des aliments transformés est l’un des domaines en manque de main-d’oeuvre.

Le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn, croit quant à lui que la pénurie de main-d’œuvre doit désormais être perçue comme l’obstacle principal à la relance de l’économie après la pandémie.

Si nous ne prenons pas les bonnes décisions maintenant pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, force est de constater que le Québec va manquer la relance économique et que les autres provinces ou les autres pays seront en mesure d’y faire face, affirme-t-il.

Prioriser l’immigration

Pour pallier cette pénurie qui prévaut depuis plusieurs années, 43 % des entrepreneurs estiment que le Québec doit accueillir davantage d’immigrants. Cette approche est celle qui a suscité une plus forte proportion d’appuis de la part des répondants au sondage. Les autres options étaient soutenir davantage la formation en entreprise (30 %), soutenir davantage l’innovation et la robotisation (14,9 %) et offrir davantage de soutien pour l’emploi des travailleurs non traditionnels, qui sont par exemple handicapés ou judiciarisés (12,3 %).

Au Québec, on reçoit 12 % de l’immigration totale du Canada alors qu’on représente 25 % de la population. Force est de constater qu’il y a là un écart très important, souligne Karl Blackburn.

Plusieurs restaurateurs et hôteliers se tournent vers la France pour combler leur brigade en cuisine.

Il souhaite que la province augmente son seuil d’immigration en accueillant 64 000 immigrants par année, plutôt qu’environ 47 000 comme le prévoit le gouvernement de François Legault en 2021. Il presse Ottawa et Québec d’abandonner ce qu’il considère être de la partisanerie politique.

Lorsqu’on parle à Québec, c’est la faute du fédéral, lorsqu’on parle au fédéral, c’est la faute à Québec. On invite les gens à laisser de côté les conflits historiques sur cet enjeu-là et qu’on [se concentre] à trouver des façons de régler le problème.

Avec les informations d’Olivier Lemieux

Source: Radio-Canada par Camille Carpentier, journaliste à Québec, publié le 12 avril 2021

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Sondage

Une relance économique sous le signe d’une pénurie de main-d’oeuvre

La COVID-19 n’a pas endigué les problèmes de recrutement et de rétention d’employés dans les entreprises de la région.

Près des deux tiers des entreprises de la Capitale-Nationale ont actuellement un problème de recrutement de main-d’oeuvre, selon un sondage Léger dévoilé mardi matin par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ).

Après des mois de crise, le taux de chômage est de retour à ce qu’il était il y a un an. À 4,1 %, c’est le plein emploi. Au moment de la relance économique, il risque d’y avoir des difficultés, s’inquiète Steeve Lavoie, président et chef de la direction de la CCIQ.

La main-d’oeuvre est déjà hautement sollicitée, qu’elle soit qualifiée ou non. La rétention est un autre enjeu pour près de la moitié des dirigeants sondés.

Recrutement international

Pour la majorité des entreprises, le recrutement à l’étranger reste la solution à court terme à la pénurie de main-d’oeuvre. Un peu plus de 60 % des dirigeants souhaiteraient augmenter le nombre de leurs employés issus de l’immigration cette année.

L’engouement des travailleurs étrangers pour des emplois à Québec n’a jamais cessé durant la crise sanitaire. Québec International, qui recrute de la main-d’oeuvre qualifiée, a repris ses missions virtuelles à l’automne après quelques mois de pause.

Lors de la dernière rencontre en octobre, l’organisme avait reçu 24 986 candidatures. La prochaine aura lieu en février et plus de 21 000 candidats se sont déjà manifestés.

L’après-COVID

Les résultats du sondage vont permettre à la Chambre de commerce et d’industrie de Québec d’avoir un portrait clair de la situation pour mieux orienter nos efforts collectifs pour la relance, explique Steeve Lavoie.

À ce sujet, Québec International estime qu’il faut réfléchir dès maintenant à la main-d’oeuvre qui travaillait dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme pour assurer une relance. Plusieurs de ces employés ont quitté le métier en raison d’un manque de stabilité.

Selon Line Lagacé, vice-présidente, croissance des entreprises et investissements étrangers chez Québec International, il faudra offrir des formations en accéléré, valoriser ces professions, faire une mise à niveau des conditions d’emploi et recruter à l’étranger.

Ajustement et télétravail

La pandémie de COVID-19 a également bouleversé le quotidien des entreprises : plus de la moitié d’entre elles affirment avoir été forcées d’ajuster leur offre pour répondre aux nouvelles conditions du marché. Près du quart dit avoir dû procéder à des changements majeurs afin de survivre à la pandémie.

La fermeture des commerces, le télétravail et la diminution obligatoire des contacts humains devraient aussi précipiter les investissements dans la transformation numérique pour de nombreuses entreprises.

Elles sont 78 % à prévoir des dépenses en ce sens au cours des cinq prochaines années, alors que les plateformes de transaction en ligne sont de plus en plus incontournables.

Reprise

Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce espère que le gouvernement aura de bonnes nouvelles pour les entreprises à court terme. Ce qui nous fait peur, ce sont les fermetures permanentes au-delà du 8 février, souligne-t-il en affirmant que plusieurs commerces et industries sont à bout de ressources.

Il rappelle au gouvernement que les entreprises ont déjà investi pour rendre leurs lieux de travail sécuritaires en ajoutant des panneaux de protection, en limitant l’accès à un certain nombre de clients à la fois et en ajoutant plusieurs mesures pour désinfecter les lieux. Les commerçants le faisaient bien. Il faut que le gouvernement leur fasse confiance.

Le sondage Léger a été mené auprès de 501 dirigeants d’entreprises de la capitale nationale qui ont 5 employés ou plus. L’exercice s’est fait par téléphone et en ligne. La marge d’erreur est de 4 %.

ublié le 26 janvier 2021

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