Le nombre de travailleurs québécois âgés de 20 à 64 ans décline depuis deux ans, et les dépenses en santé du gouvernement du Québec passeraient de près de 52 milliards de dollars à quelque 127 milliards en 2041, selon la dernière projection de la Chaire en fiscalité et en finances publiques. Les travailleurs expérimentés n’ont jamais été aussi précieux pour un marché en pleine pénurie.
Si le Québec ne veut pas laisser une facture élevée à sa prochaine génération, il faut agir vite, soutient le CPQ, qui propose nombre de solutions peu coûteuses et faciles à mettre en application.
Avec notre étude, c’est un constat qu’il est tard, mais qu’il n’est pas trop tard pour avoir cette discussion ensemble pour que ce défi de société soit un succès collectif.
Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ
Dans son rapport, le CPQ analyse les enjeux et les besoins liés à la transformation démographique. Les 29 mesures proposées visent tant la fiscalité que la formation et l’implication des personnes âgées.
« Le travail doit demeurer plus payant et intéressant que la retraite ; il faut ainsi s’assurer que l’addition des prestations et de la fiscalité ne décourage pas les gens de travailler », indique le rapport.
En ce sens, le CPQ propose d’améliorer le crédit d’impôt pour prolongation de carrière, notamment en le rendant remboursable ou en haussant le niveau de revenus admissibles, de s’assurer que le travail à temps partiel ne pénalise pas l’employeur ni l’employé et d’augmenter de 70 à 75 ans l’âge maximal de la retraite différée au RRQ en la bonifiant.
Arrêt des cotisations au RRQ
Le CPQ suggère également l’arrêt des cotisations au RRQ pour les gens qui travaillent après 65 ans, comme le fait déjà le Régime de pensions du Canada. Cet arrêt de cotisation a aussi été demandé par le Réseau FADOQ et la Chaire en fiscalité et en finances publiques.
De nombreux retraités ont l’impression que cette cotisation a peu d’avantages. Par exemple, un travailleur de 66 ans, qui reçoit déjà sa rente maximale du RRQ de 1208,26 $ par mois, décide d’aller travailler dans une quincaillerie de grande surface. S’il gagne 13 500 $, il devra payer une cotisation de 540 $. Il n’y a pas de cotisation sur les premiers 3500 $.
« La somme qu’il a payée, les 540 $, ne sera pas récupérée l’année suivante, explique Norma Kozhaya, économiste en chef du CPQ. Il lui faudra 10 ans pour la récupérer, voire 20 ans s’il est travailleur autonome [il doit payer la partie de l’employeur et celle de l’employé] et il ne sait pas combien d’années il lui reste à vivre. »
Mesures à venir du gouvernement
« Des réflexions sont en cours pour voir quels moyens fiscaux additionnels pourraient être utilisés pour augmenter la participation de ces travailleurs. En contexte de pénurie de main-d’œuvre, le Québec a besoin de tous ses talents », assure le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.
Le ministre rappelle que le gouvernement a mis en place le crédit d’impôt pour le maintien en emploi des travailleurs expérimentés, qu’il a bonifié le crédit d’impôt pour prolongation de carrière et bonifié le soutien aux entreprises pour les aider à adopter des horaires ou des pratiques qui correspondent aux réalités des travailleurs plus âgés.
« Si on avait le même taux d’emploi que l’Ontario, ça représenterait 70 000 travailleurs de plus », dit-il. Le taux d’emploi des personnes de 60 à 69 ans est de 36 % au Québec, contre 43 % en Ontario.
Source: La presse, Isabelle Dubé, publié le 10 décembre 2021