Peu importe notre âge, entretenir des amitiés apporte plusieurs bienfaits. Les relations d’amitié sont, contrairement aux liens familiaux, volontaires et basées sur une affection mutuelle et des intérêts communs (Souare, 2008, p. 376). Elles reposent aussi sur la présence d’actes d’entraide et de support réciproque dans lesquelles les personnes donnent à l’autre autant qu’elles reçoivent (Lewittes, 1989, p. 150). Certaines études ont aussi mis l’accent sur l’importance des relations amicales pour lutter contre le sentiment de solitude. Celles-ci pourraient même être plus efficaces en ce sens que les relations familiales (Nicolaisen et Thorsen, 2016, p. 127)!
Apprenez-en plus sur l’importance de l’amitié lorsqu’on vieillit, notamment en matière de santé.
Les relations d’amitié chez les personnes aînées
Selon Maria-Jose Torrejon et Anne Martin-Matthews, on peut généralement observer deux types de relations amicales chez les personnes aînées. Le premier est composé d’amitiés entre personnes qui se connaissent depuis longtemps et qui partagent une histoire commune. Puis, le deuxième regroupe des gens entre qui se tissent des liens en raison de champs d’intérêts communs. Les amis de longue date seront ceux avec qui les personnes aînées pourront se rappeler des souvenirs ou des événements marquants de leur jeunesse. Les amitiés basées sur les intérêts communs vont pour leur part permettre de rester connecté sur différents sujets de prédilections et besoins, qu’ils soient récréatifs, intellectuels, ou professionnels. Ces relations peuvent également changer selon le développement de nouveaux champs d’intérêt chez la personne (2022, p. 1146).
Ce que les personnes aînées retirent de leurs amitiés se différencie de leurs relations avec les membres de leur famille. Tandis que les liens avec les enfants ou la fratrie sont plus souvent associés au bien-être physique, les amis seront plus souvent associés au bien-être mental. Ces derniers étant même généralement préférés pour obtenir du support moral face à certains événements (Rausa, 2008, p. 752).
L’impact de l’amitié sur la santé globale
Au fil des années, plusieurs études ou rapports ont souligné que l’isolement social et le sentiment de solitude pouvaient avoir des conséquences néfastes sur la santé (Office of the U.S. Surgeon General, 2023; Gilmour et Ramage-Morin, 2020; Conseil national des ainés, 2016; Conseil national des ainés, 2014; Gravel, 2016, p. 3; Holt-Lunstad, Robles et Sbarra, 2017). À l’inverse, pouvoir compter sur des relations d’amitié qui nous font se sentir moins seuls peut être associé à différents bienfaits. Par exemple, la recherche a observé un plus grand souci envers sa propre santé, une meilleure estime de soi, une réduction des symptômes de dépression et une plus grande tendance à respecter les plans de traitements proposés par les professionnels de la santé (Rausa, 2008, p. 753). Cela permettrait également de mieux faire face aux défis qui peuvent survenir avec le vieillissement, comme la perte de certaines capacités ou le deuil (Lewittes, 1989, p. 141-142).
L’importance d’entretenir des liens significatifs
Même si le nombre d’amis diminue habituellement avec l’âge, il semble que les amitiés qui perdurent ou qui se solidifient après un certain âge sont habituellement d’une grande qualité. En effet, les personnes aînées seraient plus nombreuses que les plus jeunes à considérer leurs amitiés comme étant hautement satisfaisantes et significatives (Fuller, 2021, p. 363). Et c’est tant mieux, car « des réseaux sociaux forts, durables et réciproques se traduisent également par un degré de satisfaction élevé des populations à l’égard de la vie » (Gravel, 2016, p. 9).
Cette situation pourrait s’expliquer par une tendance de la part des personnes aînées à se désengager de relations peu satisfaisantes ou de personnes dont le style de vie est devenu trop différent. Les personnes vieillissantes se concentreraient ainsi sur les relations dans lesquelles règne une certaine intimité, un sentiment de proximité, qui offrent une bonne compagnie et qui permettent de se confier librement (Nicolaisen et Thorsen, 2016, p. 128).
Les liens sociaux significatifs apportent eux aussi leur propre lot de bienfaits quand on avance en âge. On parle ici du sentiment d’appartenance, d’être accepté, aimé ou apprécié (Rausa, 2008, p. 752). Ce sont des éléments importants dans le maintien d’une bonne estime de soi et d’un état mental positif.
Comment peut-on rencontrer de nouvelles personnes?
Bien que les relations d’amitié aient plusieurs bienfaits sur la santé des personnes aînées, il demeure que le cercle de relations significatives peut diminuer avec l’âge. Une étude sociodémographique de l’Institut de la statistique du Québec révélait ainsi en 2016 que « les retraités sont proportionnellement plus nombreux que chacun des autres groupes [sociodémographiques] à n’avoir aucun ami proche » (Gravel, p. 7). Plus précisément, 20% des personnes de 65 ans et plus déclaraient n’avoir aucun ami (ibid, p. 3).
Plusieurs occasions existent afin d’élargir son cercle social et éventuellement développer des relations d’amitié. On peut penser au bénévolat, aux cafés-rencontres organisés par des organismes communautaires, à suivre un cours de groupe, à participer aux activités de son quartier ou de sa résidence, et plus encore. Il suffit d’oser saisir les opportunités autour de soi, selon nos goûts. Les activités à caractère intergénérationnel seraient également de bonnes pistes pour tisser des liens avec de nouvelles personnes, notamment des plus jeunes (Souare, 2008, p. 377).
Finalement, il est bon de se rappeler que c’est davantage la qualité des relations qui est à viser plutôt que le nombre. « [I]l n’existe pas un nombre idéal d’amis dont on doit se sentir proche. Le réseau dit parfait est subjectif et dépend largement des trajectoires de vie et des préférences de chacun à s’entourer plus ou moins intensément » (Gravel, 2016, p. 3).
Source : Institut sur le Vieillissement et la Participation Sociale des Aînés de l’Université Laval, Mars 2024