Plus de la moitié des personnes qui prévoient de prendre leur retraite travailleraient plus longtemps si elles pouvaient réduire leurs heures de travail et leur niveau de stress, révèle une étude de Statistique Canada publiée ce mardi.
Ces informations, issues de l’Enquête sur la population active de juin 2023, ouvrent des pistes de réflexion intéressantes pour répondre au contexte tendu sur le marché du travail.
À mesure que la population canadienne vieillit, l’augmentation du nombre de retraités entraîne en effet une baisse de l’offre de main-d’œuvre et des pénuries de travailleurs qualifiés.
Les aménagements d’horaire pourraient compter parmi les incitatifs permettant aux employeurs de retenir plus longtemps les travailleurs expérimentés.
Considérations financières et problèmes de santé
L’étude de Statistique Canada, menée auprès d’un échantillon d’environ 56 000 ménages, montre qu’un peu plus du cinquième (21,8 %) des Canadiens âgés de 55 à 59 ans ont complètement ou partiellement pris leur retraite. Cette proportion double chez les 60 à 64 ans, pour atteindre plus de 2 personnes sur 5 (44,9 %), tandis que chez les 65 à 69 ans, elle concerne 4 personnes sur 5 (80,5 %).
Les considérations financières, ainsi que les problèmes de santé et d’incapacité, figurent parmi les raisons principales qui dictent le moment du départ à la retraite.
Outre un horaire de travail réduit, les personnes interrogées ont cité la possibilité de faire un travail plus intéressant et un salaire attractif comme des motivations pouvant les convaincre de prolonger leur vie active.
Une voie intéressante mais insuffisante, juge une experte
Invitée à réagir aux résultats de cette étude dans l’émission Midi Info sur Radio-Canada, Tania Saba, professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, a tenu à nuancer la portée de mesures qui porteraient sur des aménagements d’horaire, même si elle juge cette voie intéressante.
Il faut aussi que les employeurs puissent offrir des emplois à temps partiel et que l’économie puisse continuer à pleine productivité
, a-t-elle souligné.
Par ailleurs, dans un marché de l’emploi en pleine mutation, avec des technologies qui changent à un rythme fulgurant
, Tania Saba a rappelé qu’il ne suffit pas de penser à retenir une main-d’œuvre vieillissante deux ans avant son départ à la retraite
; il faut aussi se préoccuper de la question du développement des compétences, et ce, beaucoup plus tôt.
Capter le changement
L’experte a suggéré de regarder du côté des diagnostics des organisations pour identifier les besoins et capter les changements.
<< Le problème du vieillissement de la main-d’œuvre continuera à se poser pendant les 30 prochaines années>>
Certaines politiques publiques vont déjà dans le bon sens en offrant plus de flexibilité aux personnes qui veulent continuer à travailler, a-t-elle également reconnu.
Parmi elles : les cotisations au Régime de rentes rendues facultatives à partir de 65 ans, le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière, ou encore l’augmentation de l’âge maximal pour toucher sa rente, qui passera de 70 à 72 ans en janvier 2024.
Source: Radio-Canada, août 2023