Pourquoi parler d’orientation à la retraite? 

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2- Pourquoi parler d’orientation à la retraite?

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2- Pourquoi parler d’orientation à la retraite? 

Écrit par Geneviève Gagné c.o., ci-haut sur la photo. 

Vous croyez que les questions d’orientation ne concernent que les adolescents et les jeunes adultes? Vous n’êtes malheureusement pas seul. Leur importance est souvent sous-estimée pour les gens en fin de carrière et à la retraite. On parle amplement de planification financière de la retraite, mais la planification en termes de besoins sociaux et psychologiques est négligée. On a plutôt tendance à idéaliser la retraite comme une vie de rêve et de liberté. L’ampleur du changement de vie est pourtant significative, tant qu’on peut observer le tiers des retraités qui y vivent des insatisfactions. Voici des éléments à prendre en considération et des pistes de solution.

Espérance de vie

Saviez-vous qu’en se basant sur les taux de mortalité des canadiens âgés de 55 à 89 ans, l’espérance de vie atteint 84,3 ans pour les hommes et 87,1 ans pour les femmes[1]? Les gens ont maintenant bien des années devant eux lorsqu’ils deviennent admissibles à la retraite entre 55 et 65 ans. Pour certains, il peut y avoir encore plus de temps devant eux que la durée de leur carrière. Prenons l’exemple d’une personne travaillant depuis l’âge de 20 ans dans une organisation, admissible à la retraite à 55 ans et qui vit jusqu’à 95 ans. Cette personne vit encore 40 ans après 35 ans de services. Sous cette perspective, ne devient-il pas pertinent de planifier ce temps, un peu comme on a pu planifier notre entrée sur le marché de l’emploi?

Étapes de la fin de carrière et de la retraite

En orientation et en psychologie, on voit que le concept de développement de la carrière demeure pertinent au regard de la retraite. On observe depuis quelques années que la retraite ne peut plus être considérée comme une finalité, mais plutôt comme un processus. Contrairement à ce qui se vivait avant, les façons de gérer sa fin de carrière et sa retraite se multiplient.

Parmi les tendances observées, on parle d’un « désengagement », aussi appelé décélération, soit d’un souhait de l’individu de ralentir la cadence de travail pour se centrer davantage sur ses champs d’intérêt, ses capacités, son image de travailleur, de même que sur les relations entre les activités reliées ou non au travail. Un sentiment d’intégrité et d’accomplissement est recherché, accompagné de questions sur son niveau de satisfaction face à sa vie. Ainsi, les objectifs de la personne sont appelés à changer. Par exemple, après avoir gravi les échelons durant sa carrière, une personne peut préférer éventuellement une occupation plus modérée en termes de niveau de responsabilité ou de complexité, ne plus souhaiter être au cœur des décisions ou de la résolution de problèmes. Une réflexion sur les sources de satisfaction au travail est alors bénéfique.

Parfois, une personne vit sa carrière en fonction de ses obligations et responsabilités. Elle se retrouve dans une fonction plus ou moins choisie et y évolue un temps pour ensuite réaliser qu’elle s’est bien éloignée de ses ambitions initiales. Certains de ses intérêts, de ses compétences, voire même des volets de sa personnalité se retrouvent mis de côté pendant plusieurs années au détriment de son épanouissement.

Au cours de la retraite s’observe aussi une période de désenchantement où plusieurs vivent des déceptions face à leur quotidien, surtout lorsqu’ils avaient des attentes irréalistes. L’individu voit maintenant les inconvénients de la retraite et vit même plus intensément son deuil du travail. Si cette étape est bien vécue, elle peut mener à la recherche de nouvelles sources de satisfaction. Dans le cas inverse, l’individu peut perpétuer son insatisfaction durant des années, ce qui peut avoir des impacts importants.

Besoin de se redéfinir comme individu

Selon ces perspectives, il semble pertinent en fin de carrière de se redéfinir comme individu pour se repositionner au cœur de nos choix. Cette réappropriation de notre identité et de nos aspirations doit idéalement s’accompagner d’un bilan de notre carrière jusqu’à ce point.

  • Quelles sont mes expériences significatives, positives ou négatives? Qu’est-ce que j’en retire?
  • Quelles sont les réalisations dont je suis le plus fier/la plus fière?
  • Quel est mon niveau de satisfaction global?
  • Est-ce cohérent avec mes aspirations initiales?
  • Qu’aurais-je voulu réaliser que je n’ai pu faire? Pour quelles raisons?
    • Est-il encore possible de le faire?
    • Si non, y aurait-il une façon indirecte d’y arriver? Y a-t-il un compromis possible?

En référant au « troisième tiers de carrière », Limoges (2008)[2], parle d’une « période ultime pour boucler ce qui est à boucler ». Il fait ressortir le besoin de l’individu à cette étape de donner et de transmettre ses savoirs (savoir, savoir-faire et savoir-être), comparant le leg professionnel au leg testamentaire. Limoges parle de la réticence des gens à se pencher sur la question de leur leg professionnel et présente une méthode de “bilan professionnel approfondi”. Il parle aussi de deux nouveaux savoirs requis au troisième tiers de carrière, soit « savoir-rester et savoir-partir » en faisant référence à la période de « recherche d’une sortie prometteuse » décrite par Riverin-Simard (1984).

Choix et possibilités

Au cours des dernières décennies, le développement du secteur tertiaire a généré beaucoup de travailleurs du savoir. Plus éduqués et plus en forme, soit moins usés par un travail physiquement ardu, ces gens gardent le goût du défi et le désir de contribuer encore à la société en utilisant – et peut-être en transmettant – leurs savoirs (savoir, savoir-faire, savoir-être). Le leg professionnel prend ici tout son sens.

Néanmoins, lorsque l’on parle d’avancer en âge, l’envergure des projets sera inévitablement influencée par nos capacités qui pourront varier à travers le temps. Elles pourront changer de façon temporaire, comme dans le cas d’une blessure ou d’une courte maladie, mais pourront aussi changer de façon plus définitive.

La détermination de nouveaux projets doit donc inclure la considération d’exigences physiques plus modérées, ainsi qu’envisager des accommodements possibles. On peut même établir un plan d’action en différentes étapes s’adaptant aux besoins en évolution. Par exemple, une personne peut souhaiter prioriser un projet qui lui tient à cœur pendant qu’elle a encore de grandes capacités, puis garder en banque des idées de projets à réaliser si ses capacités viennent à changer.

Si vous conservez une passion pour ce que vous faites et souhaitez poursuivre la pratique de votre activité professionnelle, vous avez la possibilité de le faire de différentes façons telles que :

  • Poursuivre votre emploi au-delà de leur admissibilité à la retraite, peut-être dans des conditions plus souples;
  • Reprendre votre activité professionnelle sous une base contractuelle selon vos conditions et disponibilités;
  • Partager vos savoirs par le mentorat, la formation, le bénévolat d’expertise, etc.

Si vous souhaitez changer, tout dépendant de vos intérêts et de vos besoins, une grande variété de choix s’offre à vous. Vous pouvez retourner sur le marché du travail, démarrer une entreprise ou devenir travailleur autonome, vous impliquer bénévolement, faire du mentorat, faire du volontariat international, expérimenter de nouvelles activités, développer de nouvelles connaissances comme à l’Université du troisième âge, vous intégrer dans de nouveaux réseaux, etc. C’est l’occasion d’enfin faire ce que vous avez toujours rêvé faire. Pourquoi pas devenir un artiste? Plusieurs ressources sont disponibles selon les milieux. Les municipalités et bibliothèques municipales sont de bonnes sources d’exploration, en plus du site Web 211.

Pour une réflexion plus approfondie et guidée, vous serez probablement surpris de savoir que les conseillers d’orientation sont les professionnels à consulter. Et non, les « orienteurs » ne sont pas que dans les écoles! Ils œuvrent aussi en pratique privée, dans des programmes d’aide aux employés et dans des organismes d’employabilité. Pour vous aider à en trouver, référez-vous au site de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ).

Et vous, que voulez-vous vivre pendant la retraite?

[1] Statistique Canada (2019). Variation de l’espérance de vie selon certaines causes de décès, 2017.  (En ligne) https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/daily-quotidien/190530/dq190530d-fra.pdf?st=809AIF2w

[2] Limoges, J. (2004). Vade-Mecum – Pour un troisième tiers de carrière porteur de vie. Les Éditions GGC, Sherbrooke.

Geneviève Gagné, c.o.
genevieve.gagne21@gmail.com
581 983-7032

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