Québec puise de nouveau dans son coffre à outils pour favoriser le maintien en emploi des travailleurs de 65 ans et plus; plusieurs mesures sont prévues à cet effet dans le budget déposé mardi par le ministre Eric Girard.
Le but est de contribuer à atténuer la rareté de main-d’œuvre, mais aussi d’assurer une meilleure sécurité de revenu à la retraite.
D’abord, c’est confirmé: Québec ne rehausse pas l’âge minimal d’admissibilité à la retraite de 60 à 62 ans. Les consultations menées à ce sujet, en février, avaient d’ailleurs dégagé un consensus en ce sens au sein des organisations patronales et syndicales. La flexibilité doit rester de mise, selon la situation particulière de chaque travailleur, avaient-elles affirmé.
Par contre, Québec rehausse l’âge maximal d’admissibilité à la rente du Régime des rentes du Québec, la faisant passer de 70 à 72 ans, à compter du 1er janvier 2024.
Pour favoriser le maintien en emploi des travailleurs âgés de 65 ans et plus, Québec leur permettra de cesser de cotiser au RRQ tout en bénéficiant d’une rente de retraite.
Cela vaudra tant pour la cotisation du salarié que celle de l’employeur.
À l’heure actuelle, un travailleur est tenu de cotiser au Régime des rentes du Québec même s’il touche une rente de retraite. La cotisation maximale atteint 4038,40 $ par année pour un salarié et 8076,80 $ pour un travailleur autonome.
Une personne de 65 ans et plus avec un revenu de travail de 15 000 $ qui décide de se prévaloir de cette cotisation facultative verra ainsi son revenu de travail disponible atteindre 10 457 $ plutôt que 9851 $, soit 606 $ de plus, précise-t-on dans la documentation qui accompagne le budget.
«Bien qu’il soit généralement avantageux de continuer à cotiser au RRQ après l’âge de 65 ans, plusieurs travailleurs souhaitent cesser d’y cotiser et bénéficier de liquidités à court terme plutôt que d’un supplément à la rente de retraite», explique-t-on dans la documentation qui accompagne le budget.
Autre mesure d’intérêt: le calcul de la rente sera modifié à compter du 1er janvier prochain afin de mieux protéger les travailleurs de 65 ans et plus.
La rente est calculée en fonction de la moyenne des gains de travail. Or, un travailleur de 65 ans et plus qui déciderait de continuer à travailler, mais à temps partiel, verrait son revenu diminuer, donc la moyenne de ses gains de travail diminuer. Et elle sert au calcul de sa rente.
Pour éviter cet effet d’entraînement, Québec va modifier sa méthode de calcul afin de s’assurer que les années de revenus moindres à partir de 65 ans ne réduiront pas la moyenne des gains qui servent au calcul de la rente.
«Cette mesure permettra de protéger la rente de plus de 12 000 travailleurs de 65 ans ou plus», précise-t-on dans la documentation qui accompagne le budget.
Le gouvernement va également élargir le rôle de Retraite Québec en lui demandant de mener des recherches sur la situation financière des retraités et du système de retraite en général.
Source: Lia Lévesque, La Presse Canadienne, L’actualité, 21 mars 2023