Réinventer son emploi: des travailleurs qualifiés pour les emplois d’avenir

Quebec

Comment va le marché de l’emploi au Québec ? Êtes-vous optimiste ?

Il y a des secteurs qui vont battre de l’aile pendant un certain temps en raison de la pandémie et d’autres qui reprennent déjà avec une certaine vigueur où l’on retrouve le phénomène de pénurie de main-d’œuvre. Ça sera important de créer des passerelles de requalification pour les personnes qui sont licenciées ou des soutiens financiers pour permettre à d’autres de rehausser leurs compétences.

Est-ce que les chômeurs vont retrouver un emploi rapidement ?

On avait 305 400 chômeurs en novembre dernier. C’est deux fois plus que de postes vacants, mais, évidemment, il faut toujours s’assurer d’avoir une bonne adéquation entre le profil de ceux qui sont en chômage et les besoins concrets, les postes vacants à combler dans le marché de l’emploi.

À quoi doit-on s’attendre quand certains n’auront plus de PCU ?

Il faut tenir compte également du contexte sanitaire et des programmes fédéraux comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE), qui influencent aussi la situation pour les postes moins bien rémunérés. Il y a aussi la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), qui maintient en poste un certain nombre de travailleurs qui pourraient potentiellement migrer vers d’autres emplois plus en demande.

Comment faire revenir des travailleurs sur le marché de l’emploi ?

Notre Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF) de 114,6 millions $ est assez ambitieux. On accompagne les personnes. On a 1100 agents d’aide à l’emploi pour les aider à trouver des formations de courte durée, en alternance travail-études ou des formations flexibles. On a 6665 participants inscrits. Mon ambition est de se rendre à 18 000 ou 20 000 personnes pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans des secteurs où l’on est en pénurie de main-d’œuvre.

Si des travailleurs changent d’emploi, les secteurs abandonnés ne risquent-ils pas de manquer de main-d’œuvre à leur tour ?

Non, il n’y a rien de coercitif, tout n’est qu’incitatif. Une personne qui fait l’objet d’un licenciement durant deux ou trois ans, va-t-on lui demander d’attendre la réouverture ? La personne peut vouloir se réorienter parce qu’elle a des enfants, du pain à mettre sur la table, elle a une hypothèque à payer, des frais à assumer. Elle peut décider de se réorienter et d’emprunter une passerelle de requalification. 

Quel secteur a besoin de main-d’œuvre en ce moment ?

C’est vieillissant dans l’industrie de la construction. On estime que l’on va avoir besoin d’à peu près 13 000 travailleurs pour maintenir les niveaux d’activité. Il y a beaucoup de possibilités d’emplois dans ce secteur-là. On a lancé une campagne de promotion. On invite les gens à consulter le site Emplois d’avenir. On s’intéresse beaucoup notamment aux jeunes, aux femmes. 

Est-ce que tous les travailleurs ont besoin de se requalifier ?

Il y en a qui veulent rehausser leurs compétences pour avoir une promotion parce qu’ils ont fait l’objet d’une mise à pied temporaire. D’autres qui sont licenciés, donc qui font l’objet d’une rupture définitive, qui vont faire des formations, soit dans des centres de professionnels ou au collégial. Ce sont des attestations d’études collégiales plutôt que des Diplômes d’études collégiales (DEC). Ce sont des formations qui varient entre six et neuf mois. Il y a à l’université des nanoprogrammes et des microprogrammes. 

Mais faut-il absolument aller chercher de nouvelles qualifications ?

C’est vraiment selon l’ambition des personnes. Il n’y a rien d’impératif là-dedans. En plus, il y a les rehaussements de compétences, comme la personne qui est mise à pied temporairement et qui prévoit revenir à son emploi dans un an et un demi. Par exemple, l’aide-cuisinier peut obtenir une formation pour obtenir une promotion et devenir cuisinier.

Combien coûtent ces formations éclair ? Sont-elles abordables ?

Pour certains, c’est une opportunité de vie de se réorienter. C’est une période de formation pendant laquelle ils ont un soutien financier, l’allocation de requalification. C’est 500 $ par semaine. On assume les frais de scolarité, les frais de déplacement et les frais de garderie. Il y a beaucoup de programmes de courte durée qui n’ont déjà pas de frais de scolarité. C’est un soutien financier, surtout à l’expiration de la PCU et de la PCRE.

Source: Auteur Francis Halin, journaliste, le journal de Montréal,  le 

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