La réponse courte : il ne se produira pas un miracle.
Une année de travail supplémentaire n’aura pas un impact majeur sur les revenus de retraite, ce n’est donc pas en prolongeant sa carrière de 12 mois qu’on pourra s’offrir tout d’un coup plus de voyages et de parties de golf. Ce serait trop l’fun.
Cela nous rappelle que le niveau de vie de la retraite repose sur des années de petits sacrifices financiers, que ce soit à travers l’épargne personnelle, les cotisations au régime de retraite public ou des contributions à un fonds de pension d’employeur.
Le facteur « temps » joue donc un rôle décisif. On ne peut pas réchapper en une année trois décennies d’insouciance, voilà ce que ça veut dire.
D’un autre côté, ça signifie aussi que du moment qu’on a les moyens, on peut écourter sa carrière d’un an sans affecter significativement les projets pour ses vieux jours.
L’exemple du régime de retraite
Mettons des chiffres sur tout ça pour bien comprendre.
Pour cette partie, j’ai reçu l’aide de l’actuaire et planificateur financier Daniel Laverdière, aussi directeur du centre d’expertise chez Banque Nationale Gestion Privée 1859.
Nous avons utilisé le cas d’un travailleur (ou une travailleuse) qui a participé depuis l’âge de 30 ans à un régime de retraite à prestations déterminées offert par son employeur. La même logique s’applique pour l’épargnant (plus il travaille longtemps, plus il épargne, et moins il pige dans son bas de laine).
Arrivée à 59 ans, cette personne gagne un peu plus de 54 000 $. Elle hésite entre prendre sa retraite à 60 ans ou à 61 ans. Quel sera l’impact de sa décision sur le fruit de son « fonds de pension » ?
Son régime offre pour chaque année de service 1,3 % du salaire moyen des cinq dernières années. En revanche, la rente sera réduite de 4 % pour chaque année de retraite anticipée (avant 65 ans). Dans le cas d’une retraite à 60 ans, le bénéficiaire toucherait donc 80 % de la rente (basée sur 30 ans de service, salaire moyen des 5 dernières années : 52 040 $). À 61 ans, ce serait 84 % de la rente (basée sur 31 ans de service, salaire moyen des 5 dernières années : 53 080 $).
Avec ces paramètres, notre travailleur touchera 16 237 $ par année s’il prend sa retraite à 60 ans. S’il attend un an de plus avant de quitter son emploi, sa rente sera haussée à 17 969 $. L’écart de 1732 $, duquel il faudra retrancher l’impôt, disons le quart.
L’année supplémentaire augmentera le revenu disponible du retraité d’un peu plus de 100 $ par mois.
Quelque 100 $ de plus dans les poches chaque mois, la vie durant, ça ne pave pas la voie vers Cancún, mais ce n’est tout de même pas à dédaigner.
L’angle mort
En repoussant la retraite d’un an, il y a aussi cet élément important qu’on ne doit pas oublier, dans l’angle mort : une année supplémentaire de plein salaire (55 200 $ au lieu de la rente de 16 237 $).
Ça représente près de 39 000 $ de plus. Après impôt, il en reste assez pour rénover la cuisine ou changer l’auto, juste avant la retraite.
Imaginez maintenant les gains en repoussant la retraite de cinq ans…
L’effort sera drôlement payant.
► Salaire ou rente, après 30 ans de service à 60 ans. Rente équivalant à 1,3 % du salaire moyen des 5 dernières années, 4 % de pénalités par année de retraite anticipée (avant 65 ans). Hausse de salaire de 2 % par année.
Source: Journal de Montréal, par Daniel Germain, journaliste, le 17 mars 2021
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