Un but pour aller au bureau

Rendu nécessaire par la pandémie, le télétravail a été adopté rapidement et fort probablement pour de bon. Enfin, diront bien des jeunes travailleurs, qui prônent également la flexibilité des horaires, la liberté de choisir le lieu où manœuvrer et qui exigent désormais de bonnes raisons de déplacer leur ordinateur portable dans un bureau.

C’est ce qui ressort d’une grande étude menée par Léger au nom du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ) dans le cadre de son projet Travaillons ensemble, qui met en lumière les besoins, intérêts et exigences des gens de 16 à 35 ans en ce qui a trait au travail. Les résultats ont été dévoilés jeudi lors du Forum économique de la relève d’affaires 2022.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qui voit les gens en recherche de nouvel emploi avoir le gros bout du bâton, le salaire demeure important, mais ce n’est pas la seule attente. Le désir de pouvoir consacrer plus de temps à leur vie personnelle en fait partie. En effet, 59 % des répondants disent être prêts à accepter une baisse de salaire de 10 % pour une semaine de travail de quatre jours ou encore des vacances illimitées, par exemple, pourvu que les tâches auxquelles ils sont affectés soient accomplies.

Deux jeunes travailleurs sur trois prônent des horaires flexibles. « À la lueur des résultats du sondage, on vient de signer l’arrêt de mort du 9 à 5 et de l’horaire fixe, constate Pierre Graff, PDG du RJCCQ. Une personne sur cinq est encore attachée au 9 à 5. Mais une journée typique pourra être de travailler, s’occuper de ses enfants, avoir une réunion, prendre une pause Netflix ou autre. »

On pourrait ajouter d’aller prendre un café au bureau… à condition que l’organisation rende l’expérience agréable. Plus de 80 % disent que l’organisation d’activités sociales et de rencontres d’équipe les motiverait à aller au bureau de façon régulière. L’aménagement de beaux lieux de travail également. « On a vu que le télétravail était là pour durer, dit Pierre Graff. Là, on veut de l’expérientiel, si on retourne au bureau. Ça devient intéressant d’y venir s’il y a quelque chose. Il y a un besoin d’appartenance, de cohésion. Ça pourrait transformer vraiment le travail. »

Toutes ces attentes sont-elles réalistes ? « Beaucoup de sondages disent que les attentes des jeunes travailleurs sont extrêmement élevées, répond Pierre Graff. Ils savent qu’ils ont le gros bout du bâton. Le salaire reste très important. Ils souhaitent garder des acquis des générations précédentes, comme les fonds de pension. Mais ils ont des demandes supplémentaires, telles des ressources en santé mentale et de la formation continue. Des entreprises, surtout les très grandes, vont être capables d’accéder à leurs demandes. »

Mais encore faut-il que les oreilles soient tendues et qu’on ait les moyens de répondre à ces souhaits. La pandémie a créé de l’essoufflement chez les patrons et leurs gestionnaires. « Je sens un épuisement chez les gestionnaires, affectés par le manque de prévisibilité. Ils avouent ne plus savoir quoi dire à leurs employés, explique Pierre Graff. Or, il y a un besoin de rétroaction chez les jeunes. Ils estiment ne pas être assez sondés. Ce dialogue doit s’améliorer. »

« On est dans un contexte de fort déséquilibre en emploi, ajoute-t-il. Ceux qui vont comprendre ce que recherchent les jeunes travailleurs vont être plus attractifs et vont savoir les retenir. Il faut comprendre la nouvelle génération pour savoir comment s’adapter. »

Source: La presse, Isabelle Massé, journaliste, publié le 4 février 2022

Aucun commentaire

Avatar

Vous devez vous connecter pour commenter.

Abonnez-vous
à notre infolettre !

Pour être à l'affût de l'emploi : carrière, jobs en demande, outils de recrutement et d'embauche, etc.

fr