Personne ne possède de boule de cristal, et il n’est pas facile d’anticiper les besoins financiers qui seront les nôtres dans 30, 20, 10 ou même cinq ans… Alors, comment bien planifier pour la retraite?
On entend souvent dire que la retraite se déroule en plusieurs phases. Au début, on veut profiter de la vie et se gâter un peu. Un voyage, un VR, un abonnement sur un circuit de golf, pourquoi pas ? Avec le temps, on a ensuite besoin de ralentir le rythme, et enfin, de se reposer.
Bien que cela puisse varier selon les individus, on retrouve toutefois des points communs. Voici les éléments dont vous devriez tenir compte pour mieux évaluer vos besoins aux différentes phases.
Préretraite : une phase importante
Dans un premier temps, Jean-François Dufour, planificateur financier auprès à la Sun Life, rappelle que la clé d’une planification de retraite réussie est de s’y prendre tôt afin de pouvoir mettre en place des stratégies qui porteront fruit à long terme. «Durant la préretraite, environ de 55 à 65 ans, on est dans une phase d’accumulation très intéressante, car bien souvent les gens ont davantage de revenus et moins de charges. On a aussi une vision plus claire du moment où on voudra cesser de travailler, mais aussi de ce que seront nos besoins financiers et nos coûts de vie à la retraite», explique-t-il.
À cette étape, il est encore temps de maximiser ses REER et de contribuer à ses CELI pour diversifier ses sources de revenus à la retraite. C’est aussi le moment de commencer à travailler sur différents scénarios de décaissement qui nous permettront de faire durer nos actifs le plus longtemps possible. Parfois, il ne sera pas possible de faire coïncider la réalité des chiffres et ce qu’on aurait souhaité, et il faudra faire des compromis. Dans tous les cas, anticiper est la clé pour se rapprocher de ses objectifs.
Décaissement par tranches
Pour s’adapter aux besoins variables en fonction des différentes phases de retraite, il est possible de planifier un décaissement par tranches, par exemple 60-70 ans, 70-80 ans, 80-95 ans. «Durant la première tranche, bien souvent on dépense davantage en loisirs et il faut en tenir compte. Mais cela dépend des besoins et des personnes, on bâtit une feuille de route et on l’adapte», mentionne Jean-François Dufour.
Il ajoute d’ailleurs qu’il voit de plus en plus de personnes qui, ayant pris leur retraite tôt, décident finalement de retourner sur le marché du travail à temps partiel. «Ces revenus d’emploi font en sorte que l’on a moins besoin de puiser dans son épargne, et on peut revoir la stratégie de décaissement. Du même coup, cela vient aussi pallier le risque de survivre à son épargne», constate-t-il.
Pendant la deuxième phase, 70-80 ans, on devra considérer l’état de santé dans l’équation. «En général, à cette étape, on réduit la voilure : on voyage moins, on consacre moins d’argent aux loisirs. Mais si notre état de santé se détériore, cela générera des dépenses supplémentaires», prévient le planificateur financier.
Il ajoute que même pour les professionnels de la planification, les dépenses pour soins de santé demeurent très difficiles à anticiper. «Nos clients veulent tirer le maximum de revenus de ce qu’ils ont réussi à accumuler. Il n’est pas toujours facile de leur faire admettre qu’ils devraient peut-être diminuer leurs revenus de retraite pour garder un coussin de sécurité, au cas où ils auraient des problèmes de santé plus tard», dit Jean-François Dufour.
Une option pourrait être de retarder autant que possible la pension de RRQ et de la Sécurité de la vieillesse. «En les reportant, on les bonifie, ce qui aidera à compenser les coûts pour les soins de santé», dit-il.
Un récent sondage réalisé en septembre 2023 pour le compte de la Sun Life révélait d’ailleurs que le tiers des baby-boomers retraités au Canada voyaient leurs dépenses mensuelles augmenter au-delà de leurs prévisions à cause des coûts de santé. Mieux vaut donc bien s’y préparer.
CONSEILS
- Beaucoup de soins de santé sont gratuits au Québec, il n’en reste pas moins qu’il faudra peut-être débourser de grosses sommes pour avoir accès à des soins à domicile ou pouvoir s’installer dans une résidence pour aînés adaptée. Une option serait de transformer votre assurance collective au travail en assurances soins de longue durée. Attention, il y a toutefois un délai maximal à respecter après la fin d’emploi pour pouvoir effectuer cette conversion.
- Il existe plusieurs outils et ressources fiables sur des sites comme ÉducÉpargne ou Retraite Québec. Ils vous aideront à estimer les sommes dont vous aurez besoin à la retraite et à calculer quelle sera l’épargne nécessaire.
Source : Le Journal de Québec, Emmanuelle Gril, Août 2024.