Beaucoup d’étudiants ont dû réduire leurs heures de travail en prévision de la rentrée scolaire, ou carrément mettre fin à leur emploi saisonnier, creusant ainsi un peu plus le manque de main-d’œuvre dans certains secteurs d’activités. Le contexte démographique du Québec fait aussi en sorte que la population vieillissante réduit un peu plus le bassin de jeune main-d’œuvre disponible.
Si le Saguenay–Lac-Saint-Jean fait un peu exception, le taux de chômage a augmenté presque partout dans la province en 2024, alors que l’on recense 142 000 postes vacants. Dans la région, ce chiffre se porte à 3745 pour un taux de chômage de 2,8 %, en légère baisse par rapport à l’année précédente. Mais ce n’est pas une raison pour les entrepreneurs de se reposer sur leurs lauriers.
«Il faut que les entreprises, surtout les PME situées en région, se préparent à la rentrée et à la relance. C’est non seulement une question de stabilité des activités pour notre développement économique, c’est aussi un enjeu de partage du savoir, ce qu’on aime appeler le développement durable des compétences en milieu de travail», affirme Julie Dufresne, fondatrice et directrice d’EmploiRetraite.ca.
«C’est une belle marque de confiance, et c’est une union qui a du poids pour les entrepreneurs qui n’ont pas pensé à ce bassin de main-d’œuvre. En mai dernier, une personne sur quatre était âgée de 60 ans et plus au Saguenay-Lac-Saint-Jean. En 20 ans, la population des 60 ans et plus a doublé.»
— Julie Dufresne
Plus stables et rigoureux
Selon elle, les personnes retraitées et préretraitées sont des travailleurs clé en main pour certaines de ces entreprises, et présentent un avantage certain. Mais, surtout, elle constate qu’il y a une envie chez certains retraités de rester actifs dans la société.
«Il y a un besoin pour eux de se sentir utiles, mais c’est aussi un besoin physique, mental, et même financier parfois. Et puis il y a le transfert de connaissances. Beaucoup me disent qu’ils sont partis à la retraite un peu vite et qu’ils auraient aimé apprendre à la relève ce qui ne s’apprend pas dans les livres», mentionne celle qui est aussi professeure à l’UQAC.
Julie Dufresne remarque également que plus de 50 % des candidats inscrits sur la plateforme Emploiretraite.ca recherchent des emplois à temps plein, et que dans la région, ce sont entre 1500 et 2000 retraités qui sont prêts à se remettre au travail.
«Il y a beaucoup d’avantages à embaucher des retraités. Ils sont très stables, loyaux et rigoureux, parce qu’ils retournent au travail par choix. Il y a aussi le transfert de savoir-faire et de savoir-être, c’est un apport important parce qu’ils en ont vu d’autres et vont parfois pouvoir calmer les esprits, ou mieux gérer les problèmes», indique-t-elle.
En revanche, elle explique qu’ils ne veulent plus forcément travailler avec les mêmes conditions, la pression et le manque de disponibilité. «Ils veulent rester actifs, mais aussi avoir le temps de vivre et de profiter de leur retraite.»
Crédit d’impôt
Ce qui pourrait freiner certains aînés à reprendre le travail, c’est l’idée préconçue qu’ils vont payer plus d’impôts et avoir moins de retour. Mais pour Julie Dufresne, cette croyance est un mythe.
«Il existe un crédit d’impôt pour les travailleurs d’expérience. Par exemple, un 60 ans et plus qui gagne 25 000 $ en revenu d’appoint sera exonéré d’impôt sur son premier 10 000 $. Ça permet quand même d’avoir un revenu net disponible plus grand que la simple retraite», explique-t-elle.
De nombreux secteurs d’activités sont en manque de main-d’œuvre et sont prisés à la fois par les retraités et par les entreprises. C’est le cas notamment du domaine de l’administration, des ressources humaines, du commerce de détail, de l’industrie manufacturière ou encore du tourisme, de l’art, de la culture et de l’enseignement.
La plateforme Emploiretraite.ca permet aux aînés et aux personnes préretraitées de s’inscrire dans une banque de candidats et de postuler aux offres d’emploi qui les intéresse. S’ils n’ont pas de curriculum vitae, ou qu’il n’est pas à jour, ils peuvent en créer un directement sur le site, grâce à un formulaire qui leur est proposé. Ils n’ont ensuite plus qu’à l’envoyer aux employeurs qu’ils ont sélectionnés.